Lettre d’opinion à l’attention de Madame Sophie Brochu, PDG d’Hydro-Québec

Une mesure d’efficacité énergétique en refusant de gaspiller notre énergie hydroélectrique propre pour liquéfier du gaz méthane à Saguenay dans le cadre du projet américain GNL
9/04/2020
Madame Sophie Brochu
Présidente-directrice générale d’Hydro-Québec
Édifice Jean-Lesage
75, boulevard René-Lévesque Ouest
Montréal (Québec) H2Z 1A4
Objet : Une mesure d’efficacité énergétique en refusant de gaspiller notre énergie hydroélectrique propre pour liquéfier du gaz méthane à Saguenay dans le cadre du projet américain GNL
Madame Brochu,
Votre récente nomination comme présidente-directrice générale d’Hydro-Québec arrive dans un contexte perturbé qui appelle à la solidarité et vous aurez un rôle important à jouer afin de poursuivre et de bonifier le nouveau Plan stratégique 2020-2024 d’Hydro-Québec.
Un Plan dont les deux premiers objectifs sont : « Contribuer à la réduction des émissions de gaz à effet de serre dans l’ensemble de nos marchés et alimenter le développement économique du Québec ».
Lors de plusieurs déclarations à la suite à votre nomination, vous avez également évoqué différents objectifs que vous vous êtes donnés. Parmi ceux-ci, l’un d’eux m’interpelle particulièrement : celui d’accroître nos mesures d’efficacité énergétique.
Comme vous, l’efficacité énergétique est un de mes sujets d’intérêt et d’expertise. J’ai contribué, comme membre du conseil d’administration de l’Agence de l’efficacité énergétique du Québec, à son émergence à la fin des années 1990 et j’ai aussi été actif dans le domaine de l’efficacité énergétique pendant plus de 25 ans comme président fondateur de l’entreprise Négawatts production inc.
Un promoteur américain propose de liquéfier à Saguenay du gaz méthane qui parviendrait de l’Ouest canadien à travers un gazoduc de plus de 780 km traversant le Québec. Après avoir été extrait à 85 % par fracturation, ce méthane serait exporté outre-mer, sous forme liquide, dans d’immenses méthaniers à travers le majestueux fjord du Saguenay. L’entreprise voudrait utiliser notre hydroélectricité pour alimenter le procédé de liquéfaction de son usine projetée.
À ce titre, j’ai une mesure d’efficacité énergétique à vous proposer!
En refusant de gaspiller 550 MW de puissance de notre hydroélectricité durant au moins 25 ans fermes pour la liquéfaction de gaz méthane à Saguenay dans le cadre du projet GNL, notre société d’État se trouverait à garder plus de 5 TWh d’énergie annuellement, pendant ces 25 années. Hydro-Québec pourrait l’utiliser plus judicieusement en la mettant au service de réelles actions pour lutter contre les changements climatiques. Entre autres : favoriser la conversion des modes de transports, rendre nos entreprises plus indépendantes des hydrocarbures et convertir davantage nos productions agricoles à l’électricité, afin de participer plus activement à l’indépendance alimentaire du Québec.
En plus, ce geste serait directement dans le sens d’une politique énergétique responsable protégeant l’utilisation de notre patrimoine hydroélectrique pour la lutte aux changements climatiques.
Comme c’est si bien souligné dans le nouveau Plan stratégique 2020-2024 d’Hydro-Québec :
« Notre énergie est un formidable atout pour réduire les émissions de gaz à effet de serre non seulement au Québec, mais aussi au-delà de nos frontières. L’électrification constitue également un puissant vecteur d’enrichissement pour la collectivité québécoise. »
L’entreprise américaine GNL ne serait pas dépourvue, car elle pourrait utiliser le gaz méthane acheminé par son gazoduc pour alimenter le procédé de liquéfaction de son usine projetée.
De son aveu même, le promoteur GNL a toutes les capacités d’alimenter le procédé de liquéfaction de son usine avec une partie les 15 milliards de mètres cubes de gaz méthane par année qui lui viendraient de l’Ouest canadien. Et comme vous le savez bien, si le gaz méthane n’est pas consommé pour alimenter le procédé de liquéfaction de son usine projetée à Saguenay, il le sera ailleurs outre-mer. Devant ce subterfuge, personne n’est dupe, soyez-en certaine.
Madame Brochu, vous avez l’occasion de marquer d’un coup d’éclat très structurant le début de votre mandat. De démontrer que votre déclaration « On va tous changer » se concrétise rapidement en orientant ces 5 TWh annuellement pour « électrifier le Québec et être un leader de la transition énergétique », une des stratégies du récent plan stratégique.
Merci de l’attention portée à cette proposition.
Jean Paradis, Alma
Excellente lettre !
mon commentaire: ne pas vendre notre électricité pour la liquéfaction du Gaz à être exporté serait à mon avis comme refuser du revenu de l’extérieur. Le prétexte amené par Jean Paradis a sans doute eu une valeur certaine au moment ou nous entrevoyions de réduire notre propre consommation en vue de la vendre à bon prix à nos voisins. Les temps ont changé, Pour toutes sortes de raisons la perspective d’exporter nos surplus vers nos voisins est de moins en moins attrayante ou possible. Ces surplus sont là pour 10-20 ans au moins considérant les perspectives énergétiques mondiales, du moins telles qu’elles m’apparaissent, Hydro-Québec jugera à l’aide de ses propres experts.Les revenus de la vente de l’électricité à GNL serviront à contrebalancer en partie le coût des liquides énergétiques dont la nature nous a privé, il n’y a pas de honte à ça. Je termine en rappelant que le Québec est déjà électrifié en abondance à tel point qu’on se sent gêné de gaspiller l’électricité ,qui est la forme la plus utile d’énergie, pour chauffer nos maisons, plutôt que de la vendre pour tourner des moteurs, actionner des procédés d’électrolyse et autres de grandes valeurs… Lmg
Et selon votre raisonnement mercantile, pourquoi pas développer un commerce d’exportation de reins puisqu’on peut très bien vivre avec un seul reins. À votre avis ne serait-ce pas comme refuser un revenu de l’extérieur?
Je ne comprend pas que le Qc laisse cette action être mise en marche. Réfléchissez-bien madame. N’oubliez surtout pas la décision prise par M. Trump au sujet des masques sanitaires; refus complet et direct:”Aucun masque ne sortira des USA” Pensez à cette décision lorsque votre travail sera fait et réalisé, Pensez à ce que se sera: les USA feront tout pour s’approprier le territoire et plus même, Pensez: masques. Il se battra, il nous battra, il vous menacera, vous ferez un échange? lequel? vous allez sacrifier un bout de territoire pour éviter la guerre? car c’est ce qui se passera. Je ne vivrai plus à ce moment, mais mon fils, lui devra aller protéger ce «bout» de territoire. Pensez-y, madame!
Bravo. Excellente lettre plein de bon sens. En électrifiant tous les transports au Québec, ce surplus d’énergie non gaspillé sur le très mauvais projet GNL serait bien mieux utilisé. On ne peut plus se permettre en ces temps d’urgence climatique de vendre notre électricité à rabais pour soutenir un projet écocide de gaz (non) naturel issu de la fracturation destructrice de l’environnement.