L’AGL-LGBT, plus de 20 ans de démystification

Par Daniel Gosselin, coordonnateur de l’AGL-LGBT
L’Association LGBTQ+ du Saguenay-Lac-Saint-Jean est actif depuis 1998. Cet organisme poursuit sa mission d’information, d’accompagnement et de sensibilisation aux réalités des personnes homosexuelles, bisexuelles, lesbiennes, trans et queers.
Le terme LGBTQ+ veut dire « lesbienne », « gay », « bisexuel.le », « trans », « queer » et « en questionnement ». Cela dit, différentes communautés utilisent d’autres termes qui leur conviennent davantage. C’est pourquoi, depuis le début des années 2000, le spectre LGBTQ+ ne cesse de s’agrandir. Il s’orne désormais d’un 2S (« two-spirit »), d’un P (« pansexuel ») et même d’un +. Loin de vouloir donner des étiquettes aux individu.e.s, cette nouvelle terminologie permet d’ouvrir l’éventail des possibles, dans lequel chacun.e peut construire sa propre identité. Cette mise en lumière contribue alors à renouveler les regards sur la diversité sexuelle et la pluralité des genres.
Bien qu’il n’existe que très peu de données scientifiques au sujet des communautés LGBTQ+ vivant au Saguenay-Lac-Saint-Jean, des chercheur.e.s démontrent que les stratégies identitaires de cette population ne permettent pas de vivre pleinement leur identité sexuelle et de genre (Chamberland et Paquin, 2013). En effet, les personnes LGBTQ+ demeurent invisibles dans les milieux régionaux du Québec, malgré le fait qu’il est communément estimé par les que la population LGBTQ+ représente environ 10 % de la population générale.
La plupart des personnes aînées sont nées à l’époque où être homosexuel était illégal et même sujet à l’emprisonnement. « Une personne homosexuelle devait se cacher, sinon elle était stéréotypée et stigmatisée par sa communauté. Ce contexte social a largement contribué à fragiliser les parcours de vie des de plusieurs générations vivant dans la région. Certains ont mené un réel combat pour cacher leur orientation sexuelle et leur identité de genre dans leur vie personnelle et professionnelle », soutient le président de l’Association, Alain Lévesque.
Puisque la visibilité demeure à ce jour un des meilleurs moyens de lutter contre l’homophobie et la transphobie, les personnes LGBTQ+ se sentent invisibles étant donné l’absence et la précarité des ressources qui leur sont disponibles dans les milieux régionaux. Les associations sont généralement informelles et difficiles à localiser. (Lépine, Chamberland, Carey et Bélanger, 2017, page 14). Les personnes LGBTQ+ vivant en milieu rural sont alors plus susceptibles de vivre de l’isolement. Bien que les mentalités en matière de sexualité évoluent, des auteur.e.s affirment qu’il est difficile de briser l’isolement en dehors des grands centres (Greenbaum, Lagabrielle, Foster et Chamberland, 2014). La crainte de la stigmatisation et l’attrait des villes seraient les principaux freins à l’établissement d’espaces communautaires LGBT en région.
À cet égard, à Saguenay, il existe l’Association des gais et des lesbiennes du Saguenay-Lac-Saint-Jean (AGL-LGBT Saguenay-Lac-Saint-Jean). Fondée en 1998, la mission première de l’organisme est d’éduquer, d’informer et de sensibiliser la population aux réalités des personnes qui se reconnaissent dans la diversité sexuelle et la pluralité des identités et des expressions de genre.
Ayant pignon sur la rue Racine, l’organisme s’assure de marquer l’imaginaire collectif de manière directe en misant sur l’éducation populaire et la transmission de sa vision par des conférences et des ateliers. L’ensemble des activités se base sur la lutte contre l’homophobie et la transphobie. En effet, l’AGL-LGBT travaille actuellement, en partenariat avec la Fondation Émergence de Montréal, sur le projet Pour que vieillir soit gai – Saguenay-Lac-Saint-Jean. Ce projet vise à aider les milieux aînés à créer des espaces plus inclusifs envers la diversité sexuelle et de genres. Les personnes aînées LGBTQ+ sont souvent contraintes à l’effacement et l’isolement, ce qui en fait une population particulièrement vulnérable. Les interventions ont pour but d’évoquer leur vécu et d’échanger sur les façons d’adapter l’approche des intervenants, afin de mieux accompagner cette clientèle et de favoriser son bien-être.
Pour le président de l’organisme, Alain Lévesque, la présence d’une telle association est essentielle à Saguenay, « on a fait un grand bout de chemin en 20 ans. Les gens sont de plus en plus ouverts. On en est très contents. Cependant, les statistiques démontrent que beaucoup de jeunes LGBT vivent encore de l’isolement, du suicide, de la dépression. Alors il y a encore du chemin à faire. »
Pour plus d’informations, visitez le site internet de l’organisme au www.agl-lgbt.ca
Chamberland, L. et Paquin, J. (2007). Les stratégies identitaires des lesbiennes et des gais vivant dans des régions non métropolitaines du Québec. Dans D. Julien & J. J. Lévy (dir.), Homosexualités: variations régionales (p. 13-38). Québec, Canada : Presses de l’Université du Québec.
Greenbaum, Lagabrielle, Foster et Chamberland. (2014). Vers des milieux de vie inclusifs et sécuritaires pour la diversité sexuelle et de genre [En ligne]. Repéré à : https://www.mfa.gouv.qc.ca/fr/publication/Documents/2014-11-17-Memoire.pdf.