Projet GNL au Saguenay, le mirage du carboneutre

Lettre d’opinion de Monsieur Jean Paradis

Quel que soit le produit d’une entreprise, si c’est carboneutre tout est permis?

Que ce soit des hydrocarbures fossiles comme le gaz de fracturation, des produits venant de l’exploitation minière, des produits d’usines de fabrications d’armes, des produits cancérigènes, des produits toxiques, etc. Quelle que soit la finalité de votre production si vos opérations sont carboneutres, tout est parfait? Indépendamment de ce qui se passe avant et de ce qui se passe après!

Voilà le triste constat qu’il faut tirer du rapport « Comment devenir carboneutre pour une industrie au Québec ? » de la Chaire en éco-conseil de l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC) concernant l’hypothétique projet de liquéfaction de gaz, venant de l’Alberta en traversant le Québec dans un gazoduc de plus de 700 km.

La Chaire en éco-conseil de l’UQAC n’aurait jamais dû prendre ce mandat en « amont » des analyses et des conclusions des différentes instances fédérales et provinciales qui se penchent sur ce sale projet de gaz.

Le comportement de la direction de l’université intrigue aussi. N’aurait-elle pas dû intervenir pour empêcher une de ses composantes de devenir « fournisseur » sur un projet aussi controversé et qui concerne et enflamme tout le Québec.

Donc, si jamais vous émettez des gaz à effet de serre, il n’y a pas de souci ? Chez Carbone boréal de l’UQAC on est preneur, on vous accepte comme client, même si on devient complices de vos émissions en acceptant de recueillir vos compensations de carbone!

Non, mais on est rendus où avec ça? Qu’est-ce qui nous arrive?

La justification des projets n’est plus nécessaire?

Voilà la règle maintenant, le nouveau mantra.

Et en plus, on a les ressources à vous fournir pour vous aider à compenser!

Plus spécifiquement, dans le cas de l’hypothétique usine de liquéfaction de GNL on a l’audace d’utiliser près de 550 MW (équivalent d’une aluminerie) d’hydroélectricité pour couvrir, bien partiellement, le déficit énergétique et écologique du gaz. C’est un subterfuge honteux afin de tenter de bonifier le bilan carbone de ce projet d’une autre époque.

Cette énergie hydroélectrique plus propre pourrait servir à bien d’autres fins dans les années à venir. D’autant, que de réserver toute cette énergie sur une longue période au prix préférentiel du tarif grande puissance (tarif L 0,0328 $ le kWh en comparaison à 0,0938 $ pour le tarif résidentiel) serait une subvention indécente directement donnée à des promoteurs américains.

Jean Paradis

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