Marie-Ève Levasseur, L’incalculable corps-glitch

Du 27 septembre au 1ier novembre 2023 Galerie L’Oeuvre de l’Autre / Vernissage le 27 septembre à 17h

Pavillon des Arts de l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC)

L’incalculable corps-glitch rassemble un corpus d’œuvres conçues entre 2019 et 2022. Réunissant un large éventail de médiums et d’approches — allant de l’installation à la vidéo, de la céramique à la réalité virtuelle — l’exposition pose un regard empathique sur le corps et sa présence physique, sur sa dimension sensible et sur son potentiel d’émancipation et d’optimisation à travers la lentille technologique.

UN GLITCH DANS L’HUMANISME

Pour cette exposition, l’accent a été mis sur des œuvres qui s’intéressent tout particulièrement au corps et à son rapport d’extension avec les technologies. Les perspectives explorées remettent notamment en question la posture humaniste et cette croyance en l’homme, le man que souligne Rosi Braidotti lors de sa conférence dans le cadre du Inhuman Symposium tenu à Kassel en 2015, bien ancré au cœur du sens de ce terme. Il s’agit aussi d’interroger la dimension patriarcale qui noyaute la perspective humaniste traditionnelle. En ce sens, le travail de Levasseur pose un regard concerné sur le corps comme potentiel d’altérité et de multiplicité, qu’un certain posthumanisme technologique a le pouvoir d’activer, ne serait-ce que de manière spéculative.

L’idée d’optimisation corporelle se trouve au cœur de l’œuvre Unboxing Another Otherness (2021-2022), constituée d’une série de courtes vidéos, sous forme d’épisodes, et d’objets sculpturaux. Le unboxing, c’est-à-dire le déballage de biens de consommation sous forme de vidéos, dans ce cas-ci d’objets de design spéculatif, est un phénomène Internet que l’on peut observer sur YouTube et Instagram. Ces objets fictifs procurent ici aux consommateurs·trices différentes formes d’extensions et de life hacks.

Semblablement, l’installation Swiping Compressed Filtered Love (et enfin, permettre l’incontrôlable) (2019) explore le potentiel d’une prothèse « phéromonale » olfactive, extension active d’une application de rencontres, un Tinder du futur. L’œuvre, constituée d’une vidéo d’animation 3D, de textiles imprimés et d’objets, évoque un avenir où ce genre de site serait optimisé bien au-delà de la virtuosité algorithmique.

Avec Le corps-glitch (multitudes) (2021-2022), une œuvre de réalité virtuelle réalisée dans le contexte d’une résidence à Sporobole, Levasseur s’est intéressée au corps comme entité processuelle et impermanence incarnée. « [U]n corps-glitch indéchiffrable, échappant à la simplicité du binaire, à la catégorisation – un corps-glitch grotesque et beau, cousu de plusieurs morceaux, un corps multiple imbriqué dans l’ambiguïté, […] ». Cet extrait du fil narratif qui nous accompagne dans cette expérience exprime toute l’indétermination émanant du concept de corps-glitch. À la fois erreur et ouverture, la notion de glitch suppose la possibilité d’une transformation, d’une mutation. L’environnement virtuel créé par Levasseur suggère un univers symbiotique, où il devient possible de se connecter aux espèces végétales, animales et technologiques à travers un processus constant de mutation et de redéfinition identitaire, allant au-delà des cases et des catégories. (texte de Nathalie Bachand)

Marie-Ève Levasseur est un.e artiste interdisciplinaire actuellement basé.e à Tiohtià:ke/Montréal. Son travail se déploie à travers divers médias tels que la vidéo, l’installation, la sculpture, l’impression numérique, l’animation 3D et la réalité virtuelle et augmentée. Ielle s’intéresse à la notion de processus, de métamorphose ainsi qu’à une potentielle collaboration avec le non-humain. Ses recherches puisent dans un posthumanisme féministe et tentent de cerner la place du corps matériel et émotionnel dans nos communications à travers les écrans. Ses projets se nourrissent de science-fiction féministe et font appel à la fabulation spéculative, évoquant souvent des contextes dans lesquels se déploient des dispositifs fictifs.

Assistez aussi à l’Événement La Vitrine de Emy G. St-Laurent

TERRAFORMAGES est une installation nomade qui envahit les espaces en les recouvrant d’appendices textiles biomorphiques. Ces fragments de paysage qui en résultent font partie de ma recherche entourant les correspondances entre pensée écologique et écologie de pratique artistique. Ils réapparaissent dans mes compositions picturales et se multiplient en différentes itérations dans d’autres contextes sculpturaux, à la manière d’une généalogie qui mêle les médiums et sujets.

Originaire de Baie-Comeau sur la Côte-Nord, Emy G. St-Laurent complète un baccalauréat en peinture et dessin à l’université Concordia en 2013.

Résidant au Saguenay depuis 2021, elle termine présentement une maîtrise en arts visuels à l’UQAC.


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