Nos Chambres de commerce sont-elles vraiment représentatives ?

Lettre d’opinion de Monsieur Clément Fontaine, de Chicoutimi
Les cinq Chambres de commerce et d’industrie du Saguenay-Lac-St-Jean qui pressaient le gouvernement de tenir le BAPE sur l’usine de GNL Québec se seront réjouies d’apprendre que les audiences débuteront à la mi septembre. Comme les séances risquent de se dérouler de manière virtuelle en raison de la pandémie, la participation citoyenne en sera affectée.
Qu’à cela ne tienne, les représentants des Chambres en question sont à la recherche fébrile de « nouvelles locomotives économiques » et celles-ci, dans leur esprit, prennent la forme de grands projets industriels basés sur l’exploitation de ressources naturelles, fussent-elles non renouvelables comme dans le cas de GNL Québec.
L’aspect environnemental du complexe Énergie Saguenay ne semble poser aucun problème pour les porte-paroles de ces organismes. Ils se montrent confiants à l’approche de ce premier BAPE, tout comme le promoteur, car l’absence d’une étude d’impact globale pour l’ensemble de la chaîne d’exploitation du gaz naturel ne peut que faciliter son approbation par nos décideurs.
Même si les commissaires du BAPE émettaient des avis défavorables sur l’usine de liquéfaction, comme pour le gazoduc qui suivra, notre gouvernement caquiste pourrait toujours donner le feu vert à Énergie Saguenay et même contribuer à son financement en invoquant la nécessité de relancer l’économie. Le premier ministre François Legault a la réputation d’être à l’écoute des milieux d’affaires. Surtout ceux des régions comme la nôtre.
Cependant, je me demande dans quelle mesure nos Chambres de commerce expriment la volonté d’une majorité de gens d’affaires en matière de développement économique.
D’abord, tous ne sont pas membres de ces organismes. Il serait d’ailleurs utile de savoir dans quelle proportion ils y adhèrent pour chacune des régions concernées.
Nous ne connaissons pas toujours l’identité de leurs membres. C’est ainsi que la Chambre de commerce et d’industrie la plus importante et la plus directement concernée, celle du Saguenay-Le Fjord, ne permet pas au public de consulter le bottin de ses membres. On doit obligatoirement en faire partie.
Est-ce que les PME peuvent s’y faire entendre au même titre que les grandes corporations ? Comme le coût de l’adhésion à cette Chambre augmente en fonction du nombre d’employés, on peut craindre un système de deux poids deux mesures.
Même dans les milieux d’affaires, il est impossible d’obtenir l’unanimité sur un projet aussi controversé que celui d’Énergie Saguenay. Je vois mal, par exemple, comment les entrepreneurs qui offrent des activités de plein air et de l’hébergement touristique pourraient souhaiter la venue d’une flotte de méthaniers dans le fjord…
Est-ce que les Chambres de commerce ont mené une consultation en règle auprès de tous leurs membres avant d’annoncer officiellement leur appui à GNL Québec ? Dans l’affirmative, elles auraient dû rendre publics les résultats de l’exercice démocratique afin que l’on puisse mesurer la valeur réelle de cet appui.
Clément Fontaine
– Chicoutimi
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