Communiqué du MAGE-UQAC conjoint

Déréglementation des droits de scolarité des étudiants internationaux: un moratoire pour l’avenir des universités francophones en région

Lors du dévoilement de sa nouvelle politique québécoise de financement des universités, le gouvernement libéral annonçait une dérèglementation complète des droits de scolarité pour les étudiantes et les étudiants internationaux qui viendront étudier au Québec, et ce, dès l’automne 2019. La Coalition avenir Québec (CAQ), par l’entremise du ministre de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur, M. Jean-François Roberge, gardera le cap et donnera le pouvoir aux universités de décréter elles-mêmes le montant exigé, variable selon le programme d’étude, aux étudiantes et étudiants internationaux. Il est important de rappeler que depuis 2008, ces droits de scolarité sont limités à six champs d’études : sciences pures, mathématiques, génie, informatique, administration et droit. En autorisant cette mesure, le gouvernement a cédé face au lobbyisme de certaines universités qui voient dans ces droits de scolarité une opportunité d’affaires, car le recrutement d’étudiantes et d’étudiants internationaux est une façon de pallier à leur sous-financement. Il faut savoir qu’elles et ils paient déjà des droits de scolarité jusqu’à huit fois supérieurs à ceux des autres étudiantes et étudiants de la province, selon une étude de l’Union étudiante du Québec.

L’un des effets pervers de cette dérèglementation sera d’accentuer la compétition et les inégalités entre les universités. Les premières victimes seront à coup sûr les établissements francophones, plus particulièrement ceux situés en régions, comme le réseau de l’Université du Québec. Ces institutions n’ont pas les mêmes ressources que les universités anglophones situées à Montréal, accroissant ainsi la disparité de financement entre les établissements des grands centres et celles des régions.

Alors que les universités de région ont plusieurs défis à relever afin d’attirer et de retenir les étudiantes et les étudiants internationaux sur leur territoire, le gouvernement sera tributaire d’une mesure instaurée à leur détriment. La survie de certains programmes universitaires sera ainsi menacée, puisqu’ils dépendent de la venue d’étudiantes et d’étudiants internationaux.

Un autre impact de la dérèglementation sera que certaines universités francophones seront contraintes à offrir des programmes en anglais pour compenser leur manque à gagner, comme l’a déjà mentionné la rectrice de l’Université Laval, Mme Sophie D’Amours. Cette tentation pourrait mettre en péril la pérennité du français dans nos universités. Nos établissements doivent s’acquitter de leur mission : subvenir aux besoins et aux aspirations collectives de la société québécoise.

Au moment même où le Québec doit faire face à une pénurie de main-d’oeuvre, le gouvernement de la CAQ croit que cette action sera bénéfique pour les établissements d’enseignement supérieur et le Québec : la réalité est tout autre, la dérèglementation contribuera à créer des universités en régions de seconde zone. C’est pour ces nombreuses raisons que nous, 18 associations représentants plus 265 000 étudiantes et étudiants, interpelons le ministre Roberge, afin que celui-ci impose un moratoire sur la dérèglementation tant que le gouvernement n’aura pas entrepris une étude sur l’impact d’une telle hausse sur les universités francophones et de régions.

Association générale des étudiants de l’Université du Québec à Trois-Rivières (AGE UQTR)
Association étudiante de l’École de technologie supérieure (AEETS)
Association étudiante de l’École nationale d’administration publique (AEENAP)
Association étudiante de la TÉLUQ (AÉTÉLUQ)
Association générale des étudiants du Campus de Rimouski (AGECAR)
Association générale des étudiants du Campus de Lévis (AGECALE)
Fédération étudiante de l’Université de Sherbrooke (FEUS)
Regroupement des étudiants de maîtrise, de diplôme et de doctorat de l’Université de Sherbrooke (REMDUS)
Association étudiante Polytechnique (AEP)
Association des étudiants de cycles supérieurs de Polytechnique (AÉCSP)
Association des étudiants et des étudiantes de Laval inscrit aux études supérieures (AELIÉS)
Union étudiante du Québec (UEQ)
Fédération des associations étudiantes du campus de l’Université de Montréal (FAÉCUM) Association des étudiants de l’École des sciences de la gestion de l’UQAM (AéESG)
Confédération des associations d’étudiants et étudiantes de l’Université Laval (CADEUL)
Mouvement des associations générales étudiantes de l’Université du Québec à Chicoutimi (MAGE-UQAC)
Association générale étudiante de l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (AGEUQAT)
Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ)

Laisser un commentaire