Coalition Fjord

Réaction d’une coalition d’organisations à la possibilité de prolongation évoquée par Rio Tinto de son attestation d’assainissement
Arvida (Saguenay), le 18 avril 2023 – La Coalition des citoyen.ne.s concerné.e.s par l’environnement à Arvida (CCCEA), la Coalition Fjord, le Collectif Emma Goldman, le Comité environnement et développement durable de l’Association des retraitées et retraités de l’éducation et des autres services publics du Québec – secteur Chicoutimi-Valin (CEDD de l’AREQ) ainsi que le collectif Mères au front – Saguenay réagissent négativement à la possibilité évoquée par Rio Tinto de demander une prolongation de son attestation d’assainissement au-delà de la date butoir du 31 décembre 2025. L’entreprise en a fait l’annonce lors du Sommet sur l’aluminium tenu à Saguenay les 30 et 31 mars dernier. Elle désirerait continuer à opérer des cuves de type précuites au Centre d’électrolyse ouest (CEO) du Complexe Jonquière, à Arvida.
Les groupes se positionnent fermement contre une prolongation du « permis de polluer » de Rio Tinto au-delà du 31 décembre 2025 et invitent les politiciens régionaux à adopter la même position.
Une fermeture retardée de 8 ans
Tel que le rapportait Radio-Canada dans un reportage du 27 octobre 2022, l’aluminerie d’Arvida est « la plus polluante au pays » et « rejette jusqu’à 25 fois plus de substances toxiques dans l’air qu’une aluminerie moderne ». Rappelons que depuis l’entrée en vigueur du Règlement sur l’assainissement de l’atmosphère en 2011, l’entreprise a demandé à trois reprises, soit en 2013, 2015 et 2018, que son « permis de polluer » soit renouvelé, demandes qui ont toutes été acceptées par Québec.
Des impacts sur la santé publique non négligeables
Ces prolongations ont été accordés malgré les réticences de la Direction de la Santé publique du Saguenay-Lac-St-Jean. Le ministère de la Santé avait d’ailleurs adressé une lettre au ministère de l’Économie en 2017, dans laquelle il se disait « préoccupé par l’exposition de la population d’Arvida aux particules fines, au BaP et au SO2. » La direction régionale de la Santé publique avait aussi émis un avis dans lequel elle affirme que « [l]es cibles intermédiaires et les lignes directrices de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) pour la protection de la santé publique sont fréquemment dépassées dans le secteur Arvida ».
Des solutions rejetées par l’entreprise
Le ministère de la Santé avait alors recommandé la mise en œuvre de deux centres de traitement des gaz permanents, en remplacement de quatre épurateurs humides, pour diminuer les émissions polluantes, solution qui aurait démontré une « volonté forte d’inscrire les activités du complexe Jonquière dans une démarche d’amélioration continue au bénéfice de la communauté »[1]. La solution a pourtant été écartée par l’aluminerie[2]., qui, avec l’accord de Québec, a plutôt choisi d’apporter d’autres modifications à ses équipements, ce qui a conduit à une réduction de seulement 10 % des émissions de particules fines. Or, la missive du Ministère de la Santé était claire : « une nouvelle autorisation de prolongation d’opération devrait être assortie de mesures menant à une amélioration significative des émissions atmosphériques […] »[3].
La plus grande émettrice de particules fines au Québec
Le 25 février dernier, le Journal de Québec rapportait que, selon les dernières données disponibles en 2021, l’usine québécoise qui émet le plus de particules fines au Québec est l’usine CEO d’Arvida de Rio Tinto. Ces émissions sont loin d’être anodines alors que l’expert consulté par le Journal de Québec mentionnait qu’« [i]l n’existe aucun seuil minimal à partir duquel les particules fines n’ont pas d’effet sur la santé. »[4] Ce même article rapportait qu’une étude publiée en septembre dernier dans la revue scientifique Sciences Advances démontrait que « la mortalité due aux particules fines est élevée même avec des taux très faibles […] », et que « [l]es enfants, les personnes âgées, et ceux qui souffrent de maladies respiratoires chroniques (comme l’asthme) sont particulièrement sensibles aux effets des particules fines » tandis que des études « montrent de plus en plus de liens avec le diabète, les naissances prématurées et des problèmes cognitifs […] ». En rappel, les émissions totales du site de Jonquière placent le site à la 7e place des plus grands émetteurs de GES au Québec.[5]
Nos groupes et organismes sont donc fermement opposés à une quatrième prolongation du « permis de polluer » de l’entreprise afin que celle-ci puisse continuer à opérer l’une ou ses salles de cuves précuites au-delà du 31 décembre 2025 puisque les quantités de contaminants émis dans l’atmosphère par ces cuves sont préoccupantes et ont des impacts réels sur la santé publique.
Citations
« Les particules fines sont reconnues comme des cancérigènes par le Centre international de recherche sur le cancer. Plus de 90% des émissions de particules totales et fines du Complexe Jonquière de Rio Tinto sont attribuables au CEO[6]. Cette compagnie a annoncé dès 2006 que ses salles de cuves allaient devoir fermer. La technologie AP-60 est disponible depuis longtemps. Ce n’est pas à la population régionale de faire les frais d’un manque de planification ou de volonté de Rio Tinto dans le dossier. On parle de presque 100 ans de pollution à Arvida. C’est assez. » – Mélanie Minier, porte-parole de la Coalition de citoyen.ne.s concerné.e.s par l’environnement à Arvida.
« Le Saguenay—Lac-St-Jean est une région qui est reconnue pour ses territoires et sa nature. On doit prendre soin de ce qui existe encore. Il faut cesser de prendre des décisions politiques qui profitent aux multinationales plutôt qu’à nos enfants et aux espèces avec qui nous partageons le territoire. Réorientons plutôt notre économie sur des projets respectueux de l’environnement et des communautés locales. » – Alix Ruhlmann, porte-parole de la Coalition du Fjord
« Ce qui est le plus révoltant, c’est que les élu.e.s diminuent les contraintes environnementales pour protéger les intérêts de la grande industrie en connaissant les risques. Pendant ce temps, la santé des personnes et des enfants est mise à mal. » – Collectif Emma Goldman
Coalition des citoyen.ne.s concerné.e.s par l’environnement à Arvida
Coalition du Fjord
Collectif Emma Goldman
Comité environnement et développement durable de l’AREQ Chicoutimi-Valin
Mères au front – Saguenay
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[1] Lettre du ministère de la Santé et des Services sociaux à l’attention de monsieur Philippe Lacasse, du ministère de l’Économie, de la Science et de l’Innovation du 10 août 2017.
[2] Radio-Canada, 27 octobre 2022.
[3] Lettre du ministère de la Santé et des Services sociaux à l’attention de monsieur Philippe Lacasse, du ministère de l’Économie, de la Science et de l’Innovation du 10 août 2017.
[5] Inventaire québécois des émissions atmosphériques (IQEA), Direction des inventaires et de la gestion des halocarbures, ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs, 2 décembre 2022.
[6] Document : Complexe Jonquière – Modélisation de la dispersion atmosphérique – Rio Tinto aluminium -Révision 1 – Projet no : 171-12943-00 – WSP Canada inc. – Mai 2018
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