La ministre Laforest embauche

Chronique de Monsieur Pierre Demers, cinéaste et poète rouge d’Arvida.

Propriétaire : les humains se divisent entre deux grandes classes : les propriétaires et les locataires.

  • Gustave Flaubert, Dictionnaire des idées reçues, 1838

Le principe de Peter : une fois atteint son degré de compétence, on devient incompétent,

  • Wikipedia

La ministre Laforest m’intrigue. Comment peut-on arriver à tenir un poste de ministre si longtemps – elle est à son second mandat déjà pour la CAQ évidemment – sans vraiment briller par ses décisions ou ses actions? On dirait un petit oiseau comme les électeurs du quartier du même nom qui l’ont propulsée au sommet des électeurs caquistes lors de la dernière élection (Le  Devoir du 21 nov. à ce sujet). Cette ministre m’intrigue, mais me confirme aussi une vérité de la Palice politique : pour conserver ton poste de ministre en pouvoir, tu dois voler bas, laisser la place aux autres ministres qui prennent les plus graves décisions et surtout admirer sans borne tout ce que dit et fait le premier ministre. En somme, ne pas faire de vagues. Suivre le modèle d’usage de ceux qui sont au pouvoir et qui rêvent d’y finir leurs jours quitte à s’endormir dans le statu quo.

La ministre Laforest admire son premier ministre. Elle serait prête, pour le défendre, à se tirer dans le saguenay, en plein mois de décembre. Il a beau se mettre les deux pieds dans la bouche, elle ne le voit pas. C’est sans doute pour cette raison et aussi pour le fait qu’elle a été élue avec plus de voix que la moyenne des ours caquistes qu’elle continue de rouler en limousine.

Je n’ai rien contre la madame comme dirait son premier ministre. Je n’ai rien pour non plus. Elle me fait m’ennuyer du député d’un autre parti qui a récemment donné sa démission et qui dirigera bientôt le cégep où j’ai passé la moitié de ma vie sans le regretter.

Bref, pour faire une histoire courte qui s’accorde avec le titre de ce papier, la ministre Laforest embauche. Elle n’est pas la seule. Tout le monde embauche à l’heure actuelle, Sur le panneau publicitaire de mon IGA, on peut lire, «bienvenue aux ainés». Faut presque que je me cache pour ne pas retourner au travail. J’ai peur qu’ils me réveillent la nuit pour aller travailler. Les jeunes ont décidé de ne plus travailler. C’est une bonne chose. Mais il y a des limites à la conciliation travail-famille-jeunesse. À un moment donné, ils en auront soupé de leurs jeux vidéo, de leurs téléphones intelligents et de leur oisiveté. Ils se demanderont peut-être, «Ai-je réussi ma vie? Ma carrière? Mes couples? Mes ambitions du début? Qu’est-ce que je fais sur terre à part m’ennuyer avec mes amis Facebook? Regarder la télé et se promener en pick up ce n’est pas une vie. À moins de se retrouver par procuration à Occupation double et à Tout le monde en parle?»

Je m’égare.

Il est question ici de la député Laforest qui brille la plupart du temps par son absence d’idées, de solutions et de présence politique concrète.

Du temps où elle était ministre aussi de l’habitation – poste qu’elle a dû abandonner pour avoir affirmé que la crise du logement au Québec n’existait pas – nous avons eu à notre coop d’habitation un certain contact avec la madame. Elle a sauté sur le premier micro venu le jour même de notre incendie pour clamer haut et fort qu’elle nous accompagnait dans notre malheur, qu’elle était là pour nous aider même financièrement pour reconstruire en partie les appartements qu’on venait de perdre. Nous l’avons crûe. Nous lui avons écrit en toute bonne foi la croyant généreuse et digne de son ministère de l’habitation. La réponse a été difficile à obtenir. La ministre madame ne répond pas aux téléphones des citoyens moyens. Ce sont ses attachés de presse et les autres qui l’entourent qui ont mission de noyer les poissons. C’est sans doute pour cette raison que la ministre Laforest embauche. Elle a besoin de monde autour d’elle pour la remplacer. Pour trouver des raisons de faire semblant de trouver des solutions aux problèmes des autres.

On a fini par avoir une réponse après quelques téléphones et un peu d’insistance. Notre assureur ne pouvait pas couvrir tous nos dégâts. La ministre aurait pu nous aider à en éponger une partie. Mais, ce fût sa réponse, elle ne pouvait aider une coop d’habitation parce que la SCHL qui supervisait en partie nos activités relevait du Fédéral et qu’elle ne pouvait intervenir dans ce champ de compétence. Bref, elle s’en lavait les mains après avoir passé le temps d’un téléjournal pour une bonne samaritaine.

Durant la même année, la même ministre fit deux autres sorties publiques de la sorte pour laisser croire qu’elle aidait tout le monde lors d’un autre incendie d’une coop d’habitation à Chicoutimi-Nord et d’un HLM à Jonquière. À chaque fois, la ministre était presque prête à héberger des sinistrés chez elle ou dans l’une de ses garderies. Cette ministre joue le jeu de la politicienne engagée dans tous les combats sans jamais investir quoique ce soit, surtout pas des idées neuves, pour changer les règles du jeu. Encore moins son fameux discrétionnaire qu’elle conserve sans doute pour ses électeurs chicoutimiens.

Prenons – puisque c’est d’actualité – le cas du stationnement de 34 millions$ à l’hopital de Chicoutimi pour permettre aux propriétaires de pick ups de se ranger à l’aise en face du saguenay. L’occasion était belle de pointer du doigt le conseil municipal de Chicoutimi et sa mairesse « écolo en devenir » d’étudier et de mettre en œuvre d’autres façons de circuler dans cette ville, d’autres manière de s’adapter aux changements climatiques et à la présence démesurée de l’automobile de ce côté-ci du Parc. L’occasion était belle de dénoncer le mythe du char à tout prix dans cette ville de stationnements. Mais au contraire, la ministre en a ajouté une couche en cautionnant l’obsession des élus municipaux et de la mairesse menaçante («Sans ce stationnement la région ferme ») pour plaire aux automobilistes qui ne veulent rien savoir des alternatives à la voiture solo. La ministre ne voulait pas se faire d’ennemis et s’est contentée de répéter les mots de la mairesse. Surtout pas de vagues dans sa ville et sa région. Elle est tout de même porte-parole de notre région l’ancienne directrice/propriétaire de garderies qui continue son œuvre de gardienne d’enfants gâtés. Elle a atteint son principe de Peter depuis longtemps. À son ancien poste de responsable de l’habitation où elle défendait d’abord les propriétaires et ses amis courtiers immobiliers et maintenant encore ministre des Municipalités elle défend des élus qui ne jurent que par l’étalement urbain et les kilomètres d’asphalte et de parkings. Cette ministre qui se comporte comme une madame en croisière a atteint un très haut degré d’incompétence pour devoir embaucher le plus de conseillers possibles qui vont devoir lui sauver la mise.

On s’ennuie déjà de l’ancien député de la ville voisine de Chicoutimi qui lui au moins avait quelques idées en tête pour mener à bien le sort de cette région Déboussolée. Cette madame est une ministre de Pacotille. On mériterait mieux si trop d’électeurs d’ici n’avaient pas une cervelle d’oiseaux.

Pierre Demers, cinéaste et poète rouge d’Arvida

n.b..prochain sujet : Chicoutimi, ville de malades


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Un commentaire

  • «Les jeunes ont décidé de ne plus travailler. C’est une bonne chose. Mais il y a des limites à la conciliation travail-famille-jeunesse. À un moment donné, ils en auront soupé de leurs jeux vidéo, de leurs téléphones intelligents et de leur oisiveté.»

    Il est très malheureux que monsieur Demers ait une si piètre vision des jeunes. Il est vrai qu’il ne s’agit pas du propos initial de ce texte, mais je considère essentiel de m’attarder là-dessus pour deux raisons: d’abord pour pointer les contradictions du discours de monsieur Demers par rapport à un autre de ses textes, et ensuite car de telles paroles influencent le clivage intergénérationnel de plus en plus prononcé.

    S’il reconnait d’une part que «Chicoutimi est une ville de vieux», autant démographiquement que dans son modèle de développement, il est à se demander comment il peut penser, d’autre part, que le manque de travailleurs dans les épiceries se trouve à être le résultat du mode de vie des jeunes et non de circonstances qui les dépassent. Je suis sûr qu’il a une idée des dites circonstances, et pour cette raison je ne m’attarderai pas là-dessus. En ce qui concerne les jeunes, voilà plutôt ce que la littérature nous apprend:

    «la moyenne d’heures hebdomadaires habituellement travaillées montre que, très tôt dans leur parcours, les jeunes consacrent un nombre considérable d’heures au travail, si on considère que la majorité des 15 à 19 ans et une grande proportion des 20 à 24 ans sont encore aux études. L’adhésion des jeunes au modèle productiviste et à l’acquisition d’une autonomie financière encouragée aussi culturellement les ferait, selon certains auteurs, travailler davantage que les générations précédentes (Roy, 2006)»
    https://chairejeunesse.ca/wp-content/uploads/2022/11/PEJ_Rapport-complet-VF-2021-08-30_web.pdf.

    L’inflation ne touche pas seulement les familles et leur hypothèque: elle affecte également les jeunes, particulièrement ceux qui sont aux études à temps plein. Si on en croit le passage du texte de monsieur Demers, les jeunes n’ont ni besoin de s’acheter de la nourriture, ni besoin de débourser un loyer. Finalement, les jeunes n’auraient pas besoin de travailler et seraient tout à fait à l’aise dans l’oisivité. Se pourrait-il que monsieur Demers ignore que le nombre de salariés en bas de 15 ans ne cesse d’augmenter depuis les dernières décennies? Sinon, s’en réjouit-il?

    Une lutte commune s’offre à nous: alors que les enfants commencent le travail de plus en plus tôt et que les vieux prennent leur retraite de plus en plus tard, il y a tout à gagner à faire preuve de solidarité. Au lieu de ça, on continue de dénoncer un problème qui n’existe pas.

    Je m’égare, comme il dit…

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