GNL Québec nie le consensus scientifique

Texte d’opinion de Monsieur Clément Fontaine

Dans sa plus récente intervention dans le journal Le Quotidien/Progrès, La science sans parti pris, la directrice des Affaires publiques et des relations avec les communautés de GNL Québec tente d’invalider le texte dévastateur du biologiste Marc Durand paru une semaine auparavant, intitulé Les nouvelles énergies fossiles ne sont pas une passerelle vers la transition énergétique.

Mme Stéphanie Fortin conteste le consensus scientifique à l’effet que le gaz naturel issu en majeure partie de la fracturation hydraulique, au cœur du projet Énergie Saguenay, ne représente pas une alternative valable au pétrole et au charbon. Elle ne fournit cependant aucune donnée probante émanant d’un organisme crédible. Elle parle une fois de plus de l’Agence internationale de l’énergie comme si celle-ci cautionnait son projet, alors le rôle de cet organisme se borne à définir les besoins en énergies dans le monde et les tendances du marché.

Les plus récentes données de l’AIÉ indiquent que les réserves de gaz naturel sont suffisamment abondantes et le marché est en croissance. L’offre d’un GNL québécois ne ferait que s’ajouter à de multiples autres de toutes provenances, notamment la Russie, les États-Unis, l’Arabie Saoudite, le Qatar.

Madame Fortin établit une distinction pertinente entre le procédé de fracturation hydraulique du gaz naturel et un type de gisement encore peu exploité chez nous, le gaz de schiste, que M. Durand a pris pour exemple parce qu’il est le plus connu et le plus nocif. Cela ne signifie pas que les autres types de gisements de gaz non conventionnels de l’Ouest canadien sont inoffensifs. Loin de là. En termes d’émissions de GES, ils ne valent pas mieux que le pétrole des sables bitumineux.

Je comprendrais que la porte-parole de GNL Québec veuille encore vanter les avantages du projet Énergie Saguenay dans une perspective économique, mais sur le plan environnemental le débat est clos. En font foi les nombreux constats de spécialistes diffusés dans les médias, accessibles sur la toile. Les seuls sites d’information sur internet qui passent sous silence les inconvénients majeurs du gaz naturel issu de la fracturation ont des intérêts liés avec l’industrie pétrochimique.

Sur son portail internet, le Gouvernement canadien fait lui-même preuve de complaisance dans sa description de l’exploitation des hydrocarbures au pays. Madame Fortin lui fait écho quand elle parle de « l’encadrement réglementaire supérieur » de l’extraction du GNL chez nous. Pourtant, une étude menée en 2017 par des chercheurs de l’Université Saint-Francis-Xavier, en Nouvelle-Écosse, et la Fondation David Suzuki, révèle que la pollution par les fuites de méthane provenant de l’industrie gazière et pétrolière de Colombie-Britannique serait au moins 2,5 fois plus élevée que ce que disent les chiffres officiels.

Mme Fortin admet que la chaîne d’exploitation d’Énergie Saguenay générerait à tout le moins 1% de fuites de méthane, mais elle en minimise la gravité. Je suis plus enclin à croire le professeur Éric Pineault de l’UQAM, spécialiste en économie et en environnement, qui déclarait, dans un compte-rendu publié en mai dernier dans le Quotidien, qu’avec seulement 1 % de fuites de méthane dans la chaîne d’exploitation du GNL, on atteint un niveau de CO2 équivalent à celui du charbon.

D’autres chercheurs, de l’UQAC cette fois, ont constaté qu’environ 11% des puits d’extraction de l’Alberta et de la Colombie Britannique continuent d’émettre du méthane après leur fermeture

Dans le cas de GNL Québec, l’alimentation en électricité de l’usine de liquéfaction de La Baie constituerait un avantage sur ses compétiteurs. Mais même si cette installation réussissait à devenir carboneutre grâce à Hydro-Québec, elle ne compenserait pas les effets délétères sur nos écosystèmes causés par l’ensemble du projet Énergie Saguenay.

GNL Québec mise beaucoup sur cet apport hydroélectrique pour verdir son image et trouver de nouveaux investisseurs. Il s’agit d’une arme à deux tranchants. Si le gaz naturel n’est pas assez bon pour alimenter un complexe de liquéfaction, comment peut-on le considérer comme une solution de rechange aux autres combustibles fossiles consommés ailleurs dans le monde ?

Clément Fontaine, Chicoutimi

https://www.lequotidien.com/opinions/gnl-quebec–la-science-sans-parti-pris-c4b1df0cdba289c923e61a76ce3850fe

https://www.lequotidien.com/opinions/les-nouvelles-energies-fossiles-ne-sont-pas-une-passerelle-pour-la-transition-energetique-fba4e395783e6c7f5a07ad161e81a89a

https://fr.davidsuzuki.org/communiques-presse/communique-petrole-gaz-de-schiste-fuites-de-methane-ont-ete-grandement-estimees/

https://fr.wikipedia.org/wiki/Gaz_non_conventionnel

https://www.lequotidien.com/actualites/gnl-quebec-la-fracturation-hydraulique-inevitable-d9f0cbddbf3ac4e93a36cc934a3d2001

https://www.lequotidien.com/opinions/carrefour-des-lecteurs/la-soi-disant-transparence-de-gnl-quebec-6ddf275e31905cc9f87611f223fc58bb

https://www.lequotidien.com/actualites/11-des-puits-fermes-de-gaz-de-schiste-fuient-selon-une-etude-de-luqac-9ca97c88bbce0b450301dbf07d344738

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