Les chauves-souris: comment les aider ?

Par Antoine Le Blet, technicien de la faune chiroptérologue, membre fondateur du Groupe Chiroptères du Québec

Grâce aux deux premiers articles de cette série, vous avez désormais une plus grande connaissance ce cet animal méconnus qu’est la chauve-souris. Dans celui-ci, nous aborderons un sujet plus qu’important pour les chauves-souris, soit les actions que chacun peut faire pour les aider, à petite ou grande échelle, nous pouvons tous contribuer à sa préservation.

Il est inévitable aujourd’hui de parler des chauves-souris sans parler du Syndrome du museau blanc (SMB), comme vous avez pu le constater au travers les articles de cette série. En effet, si ce champignon, le Pseudogymnoascus destructans, détruit une grande partie des populations de chauves-souris du Québec, on peut, nous, simple citoyen, avoir un impact positif sur les chiroptères. Souvent, on nous présente les dortoirs à chauves-souris comme une solution pour les aider. En effet, ce n’est évidemment pas une mauvaise chose. C’est concret, ça se voit, et c’est utilisé (plus ou moins en fonction de sa localisation). Si son utilité directe est souvent contestée, on ne peut pas mettre de côté l’aspect de sensibilisant du dortoir à chauve-souris. Ça se remarque, ça fait jaser et ça offre tout de même un abri à nos amies de la nuit. Le bémol tien souvent du type de dortoir installé. Généralement, on se contente de construire ou d’acheter un dortoir avec une seule chambre, ou deux, le tout de petite taille. En réalité, et même si l’achat d’un tel dortoir semble dispendieux (on parle de 80 à 130$), un véritable bon dortoir à chauve-souris qui aura plus de potentiel d’être utilisé sera de bonne taille. L’entreprise Permhabitat offre des dortoirs de qualité, ainsi que l’association à but non lucratif Le Groupe Chiroptères du Québec (GCQ) offre les mêmes dortoirs (c’est même la même entreprise qui les fait en partenariat), à ceci près que l’achat par ce biais permet, en plus d’amener à l’installation d’un dortoir, de soutenir un organisme qui fait de la conservation, de la sensibilisation et de la recherche indépendante.

Chauves-souris nordique durant une étude du GCQ sur l'archipel des iles mingan (1)

(Crédit photo: Groupe Chiroptères du Québec, Antoine Le Blet)

Ceci amène tout naturellement l’option de faire des dons à des organismes, québécois, canadien ou internationaux. Nombre d’organismes le permettent, comme Le Groupe Chiroptères du Québec, la Fédération Canadienne de la faune ou Bat conservation international. Vous pouvez aussi devenir membre d’un organisme et si le cœur vous en dit, y faire du bénévolat. Voilà un moyen concret d’aider à la cause. Le site internet Chauve-souris aux abris permet également de renseigner la présence de chauve-souris dans un dortoir ou dans un entre-toit. Il est d’ailleurs une source incroyable d’informations ! Pour les manuels, contacter le GCQ vous permettra d’avoir un plan de dortoir gratuit !

Et ces possibilités d’aider ne s’arrête pas là. Indirectement, soutenir un commerce ou un agriculteur de proximité et, si possible, biologique, permet de soutenir des entreprises soucieuses de l’environnement. Il est facile, pour tous, d’en parler à son entourage et faire de la sensibilisation. Si un ami ou quelqu’un de la famille a des chauves-souris dans son entre-toit, il sera judicieux de lui recommander d’appeler un organisme spécialiste sur les chauves-souris afin de le conseiller au mieux ! Planter des fleurs et favoriser la biodiversité sur les terrains privés aident également à la bonne santé de ces espèces. L’implantation de potagers et d’hôtels à insectes sont des moyens efficaces d’augmenter la biodiversité en ville et en campagne et cela pour le plus grand plaisir des chiroptères ! Vous pouvez également recommander à votre municipalité ou une entreprise ou même vos voisins de quartier que vous aimez d’améliorer leurs pratiques en ce sens.

En parlant de bon geste et de bonne habitues, si une chauve-souris entre chez vous alors qu’elle n’y est pas invitée, ce qui arrive fréquemment, le meilleur moyen de la faire sortir est d’ouvrir la fenêtre de la pièce dans laquelle elle se trouve, fermer la lumière et d’en sortir. Seule, non éblouie, elle aura toutes les chances de trouver le chemin vers l’extérieur ! Si elle décide de rester, toujours pas de panique ! Munissez-vous de gants de jardinage, d’un contenant comme une boite en carton et d’un carton rigide (par exemple). Souvent, la chauve-souris se perchant sur un mur ou un rideau, il devient facile de poser sur elle une boite et de glisser en dessous une feuille rigide pour l’y enfermer. Une fois l’opération faite, remettez là dehors. En cas de doute, toujours encore, appelez un organisme spécialisé. Si elle est blessée, là encore, ces organises sauront vous aiguiller.

Point important : porter des gants est important, la chauve-souris étant potentiellement porteuse de la rage, comme beaucoup d’animaux sauvages, il est important de se protéger. Si on est mordu pour une quelconque raison, on file aux urgences !

Il est tout de même raisonnable de savoir qu’il y a peu de chance pour qu’elle transmette la rage à vous, votre entourage ou vos animaux de compagnie, le contacte devant être très rapproché (morsure ou salive…) et la chauve-souris évitant le plus possible les contacts avec les autres animaux.

Un dernier moyen d’aider les chauves-souris : avec votre entre-toit ou votre grange. Et oui, elle apprécie ces endroits plus que n’importe quel autre. Mais, quoi faire ? Déjà, il est important de mentionner qu’elles ne représentent pas un danger particulier pour vous, vos animaux ou votre domicile. Elles deviennent problématiques si aucune mesure n’est prise alors qu’on a une centaine de chauve-souris au-dessus de nos têtes depuis plusieurs années. Mais quelles sont les mesures ? Si vous désirez les faire partir, contacter un organisme comme, encore une fois, le GCQ. Il vous aidera dans cette tâche afin que l’opération de nuise pas aux chauves-souris de votre toit.

Autrement, une autre solution existe, au risque de faire hisser les cheveux sur la tête de certains. La cohabitation ! C’est possible et relativement facile. Là encore, des organismes spécialisés peuvent vous aider. Bien qu’il n’existe pas d’aide financière pour l’aménagement de combles, il existe des solutions simples et peu couteuses (possiblement même offerte par ces organismes) afin de cohabiter avec joie et amour. A savoir qu’accueillir des chauves-souris dans votre entre toit sera toujours plus avantageux pour elle qu’un dortoir et que des chauves-souris chez soi, ce sont des étés avec moins de moustiques ! Pratique non ? De plus, leurs déjections, le guano, est l’un des meilleurs engrais au monde….

Si les solutions peuvent quelques fois paraitre impossible à mettre en œuvre (comme accueillir des chauves-souris dans son mur ou dans son salon… Quoique), cet article non exhaustif vous offre des pistes qui, il est à espérer, vous seront utiles !


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