Lettre ouverte s’opposant au projet GNL Québec

Plus de 120 signatures recueillies à l’UQAC en une semaine

Saguenay, le 30 janvier 2020. Une lettre ouverte s’opposant à GNL Québec, rédigée par six membres du corps enseignant de l’Université du Québec à Chicoutimi, a recueilli 127 signatures de la part des professeur.e.s, chargés.es de cours et professionnels.les en moins d’une semaine.

La lettre, envoyée à Justin Trudeau, François Legault, Jonathan Wilkinson, Benoit Charrette, à la mairesse de Ville Saguenay, Josée Néron et aux députés fédéraux et provinciaux du Saguenay-Lac-Saint-Jean, a un triple objectif: 1) appuyer les récentes sorties citoyennes et celles du milieu de la recherche contre les projets de GNL Québec; 2) mettre en évidence les propositions de transitions développées et en développement à l’UQAC et 3) offrir les expertises scientifiques présentes à l’UQAC pour développer des issues positives aux enjeux régionaux écologiques, économiques, sociaux et sanitaires.

La lettre dénonce les impacts écologiques, économiques, fiscaux et sanitaires du projet GNL Québec et invite à se mobiliser pour le développement d’une industrie régionale durable et surtout, non fondée sur les énergies fossiles.

Les principales lignes d’opposition mises en évidence dans la lettre reposent sur les faits scientifiques suivants :

  • L’analyse de cycle de vie effectuée par le Centre international de référence sur le cycle de vie des produits (CIRAIG) révèle que l’exploitation du gaz en question, de l’extraction jusqu’à son utilisation, engendrerait l’émission de plus de 7,8 millions de tonnes de gaz à effet de serre par an;
  • Toute infrastructure servant au transport d’énergie fossile deviendra obsolète à court terme (échéance de quelques décennies) en raison de l’épuisement de la ressource et en conséquence, les 14 milliards de dollars investis n’auront pas la rentabilité escomptée;
  • La structure de financement de GNL Québec est construite de sorte à diminuer les retombées fiscales du projet au Québec selon l’Institut de recherche et d’informations socio-économiques (IRIS). Dans le cas du projet Énergie Saguenay, ce ne serait pas la société en commandite GNL Québec qui serait imposée sur les dividendes, mais bien chacun des commanditaires individuellement, qui sont américains et établis dans des paradis fiscaux.
  • À cela s’ajoutent les impacts sur le patrimoine naturel exceptionnel dont jouit le Saguenay–Lac-Saint-Jean. Cet écosystème abrite une biodiversité unique qui est déjà en danger et qu’il faut protéger. Nous pensons notamment au béluga, espèce en voie de disparition, dont on compte à peine 889 représentants aujourd’hui;
  • Il faut également souligner les risques sur la santé publique reliés à la fracturation hydraulique. L’association canadienne des médecins pour l’environnement (ACME) a fait le bilan des études nord-américaines sur le sujet. Ce bilan révèle que les produits chimiques utilisés dans le procédé de fracturation contaminent l’eau, les sols et l’air entraînant une longue liste d’effets sur la santé, notamment sur la santé cardiaque et respiratoire.

Il ressort de ces observations que c’est un leurre de croire que de futures infrastructures de transport gazier serviront aux intérêts de la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean sur les moyens et longs termes.

Dans ce panorama, l’Université du Québec à Chicoutimi se positionne comme une actrice pour l’avenir au Saguenay-Lac-Saint-Jean. Les chercheurs.ses de l’UQAC oeuvrent pour trouver des issues positives, en collaboration avec plusieurs acteurs, dont l’industrie, aux enjeux écologiques, économiques et sanitaires cités plus haut, comme en témoignent plusieurs projets de recherche en collaboration avec des acteurs locaux (par exemple: sur les matériaux à faible impact écologique et des filières en énergies renouvelables).

Par ailleurs, nous invitons les signataires de cette lettre à participer activement aux consultations animées par le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE), qui arrivent très prochainement. Cela permettra de démontrer, à l’aide des informations scientifiques les plus à jour, pourquoi ce projet doit être rejeté au profit d’alternatives de développement qui s’ancrent réellement dans une perspective de développement durable.

L’appui conséquent et multidisciplinaire de la part des membres de l’UQAC à cette lettre ouverte s’opposant à GNL Québec démontre qu’une proportion importante de la communauté universitaire croit que les investissements pour la région doivent s’inscrire dans de nouvelles trajectoires d’avenir.

Détails sur les signataires :

  • 63 professeur.e.s (des 8 départements)
  • 38 chargé.e.s de cours
  • • 26 professionnel.le.s

Rédactrices et rédacteurs de la lettre
Sophie Del Fa, professeure en communication, Département des arts et lettres; Ian Segers, chargé de cours en éco-conseil, Département des sciences fondamentales; Olivier Riffon, professeur en éco-conseil, Département des sciences fondamentales; Romain Chesnaux, professeur en génie de l’environnement, Département des Sciences appliquées; Catherine Laprise, professeure en génétique, Département des sciences fondamentales, titulaire de la; Chaire de recherche du Canada en environnement et génétique des troubles respiratoires et de l’allergie; Jacinthe Dion, professeure en psychologie, Département des sciences de la santé.

2 Commentaires

  • Bravo pour votre prise de position, étant une force de savoir et de formation régionale l’université se doit de prendre part au débat. Merci

  • On ne cesse de dire qu’il faut ÉCOUTER la science pour les questions environnementales. Cette prise de position par des professeurs et chercheurs de l’UQAC est une occasion de faire parler la science. J’aimerais qu’il y ait plus de signataires cependant.

Laisser un commentaire