Hydro-Québec, fournisseur au rabais pour GNL

Lettre d’opinion de M. Jean Paradis

En voulant fournir 550 Mégawatts de puissance de notre hydroélectricité 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 durant au moins 25 ans fermes pour la liquéfaction de gaz de facturation venant de l’Ouest canadien, Hydro-Québec se trouverait à être complice d’un projet d’une autre époque qui recule le Québec dans ses objectifs de diminution de gaz à effet de serre (GES), tout en permettant d’exporter 11 millions de tonnes d’énergie fossile sur les marchés internationaux.

Ce serait proprement scandaleux et complètement contraire à son mandat, que notre société d’État détourne cette énergie afin de permettre que l’on s’enfonce encore plus dans l’utilisation d’énergies fossiles au Québec.

Au lieu de gaspiller cette énergie plus propre, Hydro-Québec qui pourrait l’utilisée plus judicieusement en la mettant au service de réelles actions pour lutter contre les changements climatiques, entre autres, à la conversion des modes de transports. Cette transaction de « collaboration » avec des producteurs d’énergie fossile serait une aberration financière et une subvention directe de notre société d’État à des compagnies américaines.

En effet, en hypothéquant plus de 5 TWh d’énergie, l’équivalent du 2/3 de la production des nouvelles installations sur la rivière Romaine sur la côte nord (8 TWh), Hydro-Québec poserait un geste contraire à toute politique énergétique responsable protégeant l’utilisation de notre patrimoine hydroélectrique pour la lutte aux changements climatiques.

Seulement en regard du prix de vente au tarif « grande industrie » établit à 0,033 $ le kilowattheure cela représenterait une perte nette d’environ 295 millions annuellement par rapport au coût du kilowattheure de production établi à l’époque de la présentation du projet La Romaine (0,09 $ le kWh BAPE, février 2009 estimé à l’époque et qui dépasse probablement le 0,12 $ en coûts réels actuels en tenant compte du coût de raccordement du projet La Romaine).

Aussi, l’utilisation éventuelle de l’électricité pour l’usine de liquéfaction permettrait au promoteur d’économiser 10 % du gaz acheminé dans le gazoduc venant de l’Ouest canadien et par le fait même augmenter ses ventes à l’exportation, sur d’autres continents, lui procurant des revenus supplémentaires d’environ 265 millions par année.

Ce 10 % de gaz, qui ajouterait 3,5 MT/annuellement au bilan d’émissions de GES local, supposément sauvé par hydroélectricité utilisée par l’usine serait uniquement déplacé pour consommation ailleurs dans le monde et générerait tout de même des GES de 3,5 MT/annuellement.

C’est donc, par une subvention directe d’environ 295 millions et indirecte de 265 millions, qu’Hydro-Québec servirait les intérêts d’une compagnie américaine et se collerait aux stratégies de fuites en avant de l’industrie fossile nord-américaine et par le fait même le virage énergétique du Québec serait directement compromis.

Jean Paradis
info@jeanparadis.ca

Un commentaire

  • Aux élu.e.s de la région, questionnez-vous ! Notre propre énergie hydroélectrique au service des pétrolières et des intérêts américains ? Non merci !

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